
Mon premier trimestre de grossesse : entre joie, angoisses et coronavirus
Si vous me suivez sur Instagram, vous le savez déjà… JC et moi attendons un petit garçon pour début octobre et nous sommes fous de joie !
Il m’aura fallu plus de 5 mois pour annoncer publiquement ma grossesse mais aussi pour l’appréhender sereinement et en profiter enfin pleinement. Ce bébé on l’a tellement espéré et on l’aime déjà tellement. Pourtant, cette grossesse fut un long et (parfois) douloureux combat. Alors que je débute aujourd’hui mon sixième mois de grossesse, je me suis dit qu’il était temps de vous raconter notre histoire et celle de Junior. Cet article est beaucoup plus personnel que ce que j’ai l’habitude de partager ici. C’est pour moi une manière d’exorciser ce que nous avons vécu mais aussi de laisser un témoignage pour notre fils. J’espère également que cet article pourra donner une lueur d’espoir à certaines femmes en désir de grossesse ou rassurer celles qui pourraient vivre une situation plus ou moins comparable à la notre.
La maternité, ce parcours du combattant
Fausses-couches à répétition et maladies auto-immunes
Question parentalité, nous avons toujours été en phase avec JC et nous en avons tout de suite parlé librement. Nous avions tous les deux très envie d’être parents et c’était le bon moment. Nous avons décidé assez rapidement d’arrêter la pilule et d’essayer sans se mettre la pression de concevoir un bébé. Je suis tombée enceinte au bout de 3 mois, au mois de mars 2018. On n’imaginait pas que cela arriverait aussi vite (après plus de 15 ans de pilule) et c’était un pur moment de bonheur. JC était sur un petit nuage et avait besoin de partager sa joie avec tout le monde. De mon côté, j’étais un peu plus réservée car échaudée par une première fausse couche sept ans auparavant. Le bonheur fut de courte durée, car cette grossesse s’est arrêtée au bout de quelques semaines. Un premier coup dur à encaisser.
Sur les conseils de ma gynécologue, on a mis mon corps quelques mois au repos pour se remettre de cette première grossesse. Puis lorsque nous avons décidé de réessayer de concevoir un bébé, je suis de nouveau tombée tout de suite enceinte. Je l’ai découvert alors que j’étais en vacances au Portugal. C’était merveilleux ! On était en vacances, détendus et heureux, tout était réuni pour que cela marche cette fois-ci. Mais au fond de nos têtes, une petite alarme ne pouvait s’empêcher de résoner : “attention, ne soyez pas trop heureux, on ne sait pas combien de temps cela va durer…”. Et effectivement, j’ai fait une fausse couche spontanée et très précoce à la fin de nos vacances. Nouveau coup dur à encaisser.
De retour à Reims, ma gynécologue m’envoie consulter un médecin du CHU (dans le service de médecine interne) spécialisée dans les questions de fausses-couches. 36 ans et 3 fausses couches à mon actif, c’étaient des raisons suffisantes pour investiguer et essayer de comprendre si quelque chose clochait chez moi (à 25 ans, on m’aurait certainement encore laissé essayer). J’ai rencontré un formidable médecin, à l’écoute, bienveillante et disponible. Après plusieurs rendez-vous et de nombreuses prises de sang, le verdict tombe : je suis porteuse de deux maladies auto-immunes qui sont certainement la cause de ces fausses-couches à répétition. Sans suivi et sans traitement adéquat, mon corps ne peut supporter la maternité. Du mois d’octobre à décembre 2018, je suis à l’hôpital ou à la clinique presque toutes les semaines pour faire le point sur ces maladies, qui ne sont pas graves en soi mais dont les conséquences peuvent être lourdes si non traitées. Entre les prises de sang, les rendez-vous chez l’endocrinologue, le gastro-entérologue, les IRM… les questions de maternité passent un peu au second plan et je me concentre avant tout sur ma santé.
Le monde merveilleux (ou pas) de la PMA
En parallèle de ces maladies auto-immunes, on découvre également que ma réserve ovarienne est basse et on me conseille d’aller consulter un gynécologue spécialisé en PMA. Là encore, dès le premier rendez-vous, je suis en pleine confiance face à ce médecin proche de la retraite empathique et chaleureux. Il nous rassure tout de suite sur notre situation : il est persuadé que nous aurons un enfant un jour et probablement de manière naturelle. Mais, face à mon horloge biologique, il nous propose d’aider un peu le destin en s’engageant dans un parcours de PMA et plus spécifiquement des stimulations ovariennes simples (sur 3 cycles) puis une FIV (lorsque les stimulations se sont avérées non fructueuses). Alors que nous nous engagions dans ce processus plein d’espoir et de confiance, nous avons vite déchanté. C’est lourd, très lourd, trop lourd et l’accompagnement psychologique est quasi-inexistant. Tout le monde nous dit de ne pas y penser et d’être cool pour que cela marche mais lorsque l’on se fait des piqûres dans le ventre tous les jours et que l’on va à la clinique tous les trois jours pour vérifier à l’échographie combien d’ovules j’ai produit, sans compter les tests après rapports (où l’on nous demande d’avoir un rapport sexuel à une heure particulière pour être en mesure de faire un prélèvement le lendemain matin), il est impossible de rester détendus. A chaque rendez-vous, on rencontre un gynécologue différent qui ne connaît pas notre histoire et qui s’en fiche car seul compte le nombre d’ovules et leur taille. Bref, vous l’aurez compris, j’ai très mal vécu cette période, aussi bien physiquement que psychologiquement.

Une pause bien méritée
Notre FIV a eu lieu en juin 2019. Je l’ai vécue comme un cauchemar. Les suites de la ponction ont été très compliquées pour moi, notamment car j’ai mal réagi à l’anesthésie générale. Au final, seuls deux embryons étaient viables et pouvaient possiblement être transférés. Tout ça pour ça, quelle déception. Nous avons fait le choix de transférer un embryon et de congeler le second mais la FIV n’a pas fonctionné. Il était temps pour nous de prendre du recul, de prendre du temps, de nous retrouver donc nous choisissons de faire une pause.
Nous partons en vacances au Portugal durant l’été puis préparons notre mariage civil qui a lieu en septembre. Nous décidons ensuite sur un coup de tête de partir 10 jours en voyage de noces sur la côte est des Etats-Unis. Quelle bonne idée ! Nous avons profité à fond de ce magnifique voyage et sommes revenus plus soudés que jamais et des souvenirs plein la tête.
Tout le monde nous demande, alors vous en êtes où côté bébé ? Vous prévoyez un nouveau transfert d’embryon ? C’est quoi la prochaine étape ? On reste assez vague face à ces questions car, en fait, on ne sait pas quoi répondre. Il nous reste un embryon à transférer mais si ça ne marche pas, il nous reste quoi ? On fait l’autruche et on enfouit très profondément dans le sable ces questions de maternité pour essayer de continuer à vivre normalement, sans se prendre la tête.
2020, la surprise, notre bébé miracle
La découverte, l’attente et l’angoisse
Le 23 janvier 2020, je fais un test de grossesse car mes règles ont quelques jours de retard. Je ne m’attends pas à grand à chose, des tests j’en ai fait des dizaines depuis un an et à chaque fois c’est la même déception. Cette fois-ci le résultat est positif ! Alors, je cours au labo pour faire une prise de sang qui confirme le résultat. Enfin, le bébé tant attendu !
Tout s’accélère, je contacte mon médecin généraliste qui me met directement au repos pour m’éviter les trajets à Paris et tout effort physique qui pourraient nuire à ce début de grossesse si fragile. Je contacte mon médecin du CHU pour mettre en place le traitement adéquat et la remplaçante de mon gynécologue (parti en retraite) pour faire une échographie 15 jours plus tard. Ces deux semaines d’attente nous paraissent une éternité. On n’ose pas encore se réjouir mais pourtant on veut y croire.
Enfin, le rendez-vous avec la gynécologue. On s’y rend tous les deux fébriles mais pleins d’espoir. Le médecin nous confirme que je suis bien enceinte, ouf une bonne nouvelle ! Puis, elle se tait et continue l’échographie à la recherche de quelque chose. Ce silence, je le connais, je l’ai déjà expérimenté trois fois. Elle nous annonce sans détour : ” il n’y a pas de rythme cardiaque, pour moi l’embryon n’est pas viable. En même temps, vous savez très bien qu’à votre âge le risque de fausse couche précoce est très grand. On va patienter une semaine pour refaire une échographie et confirmer le diagnostique mais je ne veux pas vous donner de faux espoirs”.
Un nouveau coup dur à encaisser. Un de plus, un de trop. JC n’y croit plus, pour lui c’est une nouvelle fausse-couche. Moi aussi au départ. Puis, une petite voix au fond de moi, une intuition, me dit de continuer à me battre. Alors, je continue à surveiller mon taux de beta HCG (les hormones de grossesse), qui continue à augmenter significativement donc je m’accroche à cet espoir.
La rencontre tant attendue
La veille de mon second rendez-vous avec la gynécologue, le secrétariat m’appelle pour me dire qu’elle ne pourra pas honorer son rendez-vous. Hors de question pour moi d’attendre une journée de plus pour connaître le verdict donc je demande à faire une échographie le lendemain, peu importe le gynécologue disponible. J’ai la chance de tomber sur un médecin que j’ai déjà rencontrée dans mon parcours de PMA et que j’apprécie (et que j’ai depuis choisie comme gynécologue pour suivre ma grossesse). Dès le début du rendez-vous, elle me met tout de suite à l’aise, mon taux d’hormone est trop élevé pour que cela soit encore une fausse-couche. Pour elle, il s’agit certainement d’un problème de datation, et la première échographie aurait été faite trop tôt. Cela est rapidement confirmé par la nouvelle échographie. Au bout de quelques minutes, on entend son coeur battre et je fonds en larmes. Enfin !!!
Le cap des huit semaines
On va avoir un bébé, on va avoir un bébé ! On se le répète en boucle, tellement on a encore du mal à y croire. Mon début de grossesse se fait sous haute surveillance, échographie tous les 15 jours et traitement spécifique pour que la nidation se passe bien et pour que que mes maladies auto-immunes ne viennent pas gâcher la grossesse. J’ai assez peu souffert des maux de la grossesse, quelques petites nausées, une grande fatigue les première semaines mais je ne peux pas me plaindre. Tout s’est plutôt bien passé, surtout que j’étais arrêtée pendant toute cette période et je n’avais donc pas à me stresser avec le travail.
Pourtant, mon cerveau tourne en rond et je n’arrive pas à me détendre. J’ai beau continuer mes séances d’acupuncture hebdomadaires, faire de la méditation tous les matins et du yoga plusieurs fois par semaine, je ne me sens pas encore pleinement enceinte, pas tant que je n’aurais pas passé le cap fatidique des 8 semaines de grossesse. Ce cap, je n’ai jamais réussi à le franchir, et je m’accroche à cet objectif comme le marathonien à la ligne d’arrivée. Une fois ce cap franchi début mars, je pensais pouvoir me détendre mais c’était sans compter l’arrivée du coronavirus…
Être enceinte pendant le covid-19
J’avoue, j’ai une petite tendance à l’hypocondrie. Une petite douleur dans la poitrine et j’ai l’impression que je suis en train de faire un infarctus. Cela s’améliore en vieillissant, mes crises d’angoisse se font de plus en plus rares, notamment grâce aux médecines alternatives. Mais forcément, la crise sanitaire sans précédent que nous sommes en train de vivre a réveillé mes angoisses profondes. Sur les conseils de mon médecin acupuncteur, nous avons pris avec JC des mesures préventives bien avant le début du confinement. J’ai également repris le travail au début du mois de mars mais en télétravail permanent pour éviter de prendre des risques inutiles pour ma grossesse. Malgré tout, je ne peux m’empêcher de m’angoisser car, aujourd’hui, il ne s’agit plus seulement de moi, mais de nous. Alors, je suis restée enfermée à la maison du 9 mars au 22 mai, ne sortant que pour mes rendez-vous médicaux. J’ai essayé de vivre dans ma bulle, en fermant les yeux et en évitant de regarder le journal télévisé. Mais en attendant son premier enfant dans ce contexte, on ne peut s’empêcher de se demander si on n’est pas un peu inconscients à vouloir élever un bébé dans ce monde si flippant. Pour le moment, on essaie de se protéger, de le protéger et de s’entourer d’une énorme bulle d’amour. C’est peut-être lâche mais c’est notre façon à nous de gérer la situation.

Bienvenue à Junior !
Le 24 mars avait lieu l’échographie du premier trimestre, la première “vraie” rencontre avec notre bébé. Quel moment émouvant ! Malheureusement, je l’ai vécu seule car les papas sont dorénavant interdits dans le service de gynécologie. J’ai retrouvé un JC tout angoissé sur le parking de la clinique. Mais tout allait bien et je lui ai annoncé que nous attendions… un petit garçon ! Pour être tout à fait honnête, j’étais un peu déçue car j’aurais adoré avoir une fille. Mais après tout ce que nous avons vécu, ce n’est qu’un détail comparé à la joie immense de savoir que notre enfant continue à grandir dans mon ventre et est en bonne santé.
Comments (1)
Mon deuxième trimestre de grossesse : de la lune de miel au diabète gestationnel – Enjoy and Smile
4 novembre 2020 at 13 01 09 110911
[…] remercier pour l’accueil chaleureux que vous avez réservé à l’article consacré à mon premier trimestre de grossesse. J’avais beaucoup hésité à écrire un article si personnel mais au vu des messages que […]